- défleurir
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1 ♦ V. intr. Perdre ses fleurs (arbre); se faner (fleur). « Je viens d'entendre choir sur la table voisine les pétales d'une rose qui n'attendait, elle aussi, que d'être seule pour défleurir » (Colette). — P. p. adj. « un buisson d'aubépines défleuries » (Proust).2 ♦ V. tr. Enlever, faire tomber les fleurs de (un végétal).⊗ CONTR. Refleurir. Fleurir.défleurirv.d1./d v. tr. Faire tomber, ôter les fleurs de. La gelée a défleuri les abricotiers.d2./d v. intr. Perdre ses fleurs.⇒DÉFLEURIR, verbe.[À propos de plantes et p. méton des saisons] Faire perdre ses fleurs après la floraison. « Il y a des gens qui disent des choses qui corrompraient un singe et feraient défleurir un lys sur sa tige » (GONCOURT, Journal, 1886, p. 537). Je n'ai jamais cueilli que la fleur d'aubépine aux printemps finissants qui voulaient défleurir (APOLL., Alcools, 1913, p. 89).— P. métaph. [À propos d'une chose abstr.] Faire perdre de sa candeur, ou de sa fraîcheur première. J'ai pu contribuer à préserver votre cœur du contact qui l'eût défleuri (BALZAC, Lys, 1836, p. 262). Quand je lisais Athalie, il me prenait une peine profonde de cette chute prédite de Joas; à partir de cet endroit, la pièce, pour moi, était gâtée et comme défleurie (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 505).— Emploi pronom. à valeur subj. L'idylle devait se défleurir en son commencement (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p. 12) :• ... quiconque a ressenti les vives impressions de la jeunesse, pour voir presque aussitôt ce premier charme se défleurir et la fraîcheur s'en aller au souffle de l'expérience, puis la vie se faire aride en même temps que turbulente et passionnée, jusqu'à ce qu'enfin cette aridité ne soit plus que de l'ennui, celui-là, en lisant ces mémoires [de Mme de Staël], s'y reconnaît et dit à chaque page : C'est vrai.SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 3, 1844-64, p. 452.Rem. On rencontre dans la docum. le subst. masc. défleurissement au sens « fait de défleurir ». J'ai déjà (...) connu cette sensation, mais (...) sans que le moindre désenchantement, défleurissement ait entamé les autres modes d'activité créatrice (DU BOS, Journal, 1924, p. 172).Prononc. et Orth. :[
], (je) défleuris [
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [XIVe s. (d'apr. DG) desflourir « perdre ses fleurs » (A. JUBINAL, Nouv. rec. contes dits fabliaux des XIIIe, XIVe, XVe s., t. 2, p. 298)]; 1555-56 defleurir « id. » (P. DE RONSARD, Les Continuations des Amours, éd. P. Laumonier, t. VII, p. 190). Dér. de fleurir; préf. dé-. Fréq. abs. littér. :9. Bbg. QUEM. 2e s. t. 2 1971.
défleurir [deflœʀiʀ] v.ÉTYM. XIVe; de 1. dé-, et fleurir.❖♦ Littéraire.1 Pendant une bouffée de silence, épaisse comme une brume, je viens d'entendre choir sur la table voisine les pétales d'une rose qui n'attendait, elle aussi, que d'être seule pour défleurir.Colette, l'Étoile Vesper, p. 40.2 L'hiver a défleuri la lande et le courtil.Tout est mort. Sur la roche uniformément griseOù la lame sans fin de l'Atlantique brise,Le pétale fané pend au dernier pistil.J. M. de Heredia, Trophées, « Brise marine », p. 148.♦ Par anal. Enlever le velouté de (un fruit). || Défleurir des pêches en les manipulant.3 V. tr. Fig. Enlever la fraîcheur, la candeur, le charme, l'attrait de. ⇒ Déflorer, défraîchir, flétrir.——————se défleurir v. pron.♦ Fig. :3 Mais cette première nuance, si l'on n'y prend garde, s'épuise dans une courte durée et se défleurit.Sainte-Beuve, Volupté, XV, p. 145.——————défleuri, ie p. p. adj.♦ Littér. Qui a perdu ses fleurs. || Bouquet défleuri. || Haie défleurie.4 (…) je venais de reconnaître, aux feuilles découpées et brillantes qui s'avançaient sur le seuil, un buisson d'aubépines défleuries, hélas, depuis la fin du printemps.Proust, À la recherche du temps perdu, t. V, p. 191.4.1 Le petit pavillon avec la fenêtre juste pour que l'œil passe et voie la rivière rapide, au-dessus l'autre fleuve que fait l'air d'avril, les forêts qui, dit-on, sont remplies de singes, les cerisiers à peine défleuris.Claudel, Journal, avr. 1923.♦ Figuré :5 (…) sa vie attristée et défleurie n'a pas peu contribué à sa mort.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 327.❖CONTR. Refleurir.DÉR. Défleuraison.
Encyclopédie Universelle. 2012.